Train Paris > Strasbourg
19/01/2019 - 11h58
Villejuif
21/01/2019 - 23h33
Décollé le ciel du bout des ongles.
Et j'ai percé avec ma joie, mes pics de vie et créé des étoiles.
Décollé un peu plus, arraché le sombre.
La lumière vive est imposante et a terminé de tomber le film nuité.
C'est le Monde-autre qui surgit et apparaissent en vrac : des morceaux arc-en-ciel, des sourires libérés, des mains qui se tendent, des pieds posés en l'air.
Ici et là, des yeux en file indienne serpentée tricotent la vérité. Un bébé-biberon observe les aiguilles.
Les moutons sont plats, roses et vaguement ovales.
Les humains adultes sont des enclos à arbres dont les cimes chatouillent.
Les oiseaux sont bleus, aux becs blancs et courts, et brillent légèrement.
Les baleines sont des dirigeables-guimauve qui fondent mais persistent.
Quant à ma tête, elle est longue, conique et douloureuse.
J'ai longtemps affaissé des lambeaux de tout ça car j'ai tourné. Et le sillon creusé, circulaire, aux lisses et froides parois, est si profond qu'un cylindre – inutile ? – a été fabriqué. Ce rouleau est le fruit qui ne peut être mangé.
Alors les baleines sont devenues radeaux.
Et les oiseaux se sont tous délités.
Les humains se sont extraits et ont fermé l'enclos tandis que les moutons les ont enveloppés.
Les mains et les sourires se sont entr’assemblés.
Les pieds y sont montés.
Et le bébé criant – étrangement – m'a bercé.
J'ai recousu le ciel ; j'ai réparé la nuit.
Me suis évaporé.
Et me suis rendormi.
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