Te souviens-tu, Narcisse ?
De mémoire je t'offrais
Ces petites fleurs bleues
Et tu vis dans mes yeux
L'amour de ton reflet.
Frêles myosotis,
Je n'oublierai jamais.
Texte extrait du recueil Aventures
Esclave en quelque sorte de tous mes désirs,
Jamais vraiment je n'ose, à vous, les révéler
Mais l'enclave me porte hors de l'obscurité :
J'ai sans cesse l'essence de les assouvir.
Ça s'explique je crois par ces craintes incrustées
Qui crissent dans les coins de mes portes à pâlir
Façonnées de barreaux condamnant à cloîtrer
Les étendues possibles du verbe "choisir".
L'ordre établi intime son intitulé,
Invective pour taire nos courbes de sourire,
Écrasant de ce fait toutes nos libertés.
Maître de mes espaces censés me suffire,
J'esquisse des esquives et laisse déraper
Des sentiers que je frappe pour ne plus m'asservir.
Ses volets au printemps restent toujours ouverts.
Il aime ces matins et ne veut pas manquer
Les timides rayons qui viennent caresser
D’une douce tiédeur l’endroit de ses paupières.
Elles s’élèvent au rythme de l’astre solaire
Et révèlent des yeux qui souhaitent contempler
Le jardin aux multiples couleurs émaillées,
Libérées peu à peu des brumes passagères.
Il s’étire en sourire et se lève avec joie.
Énergique, il s’ébroue, frissonnant tout son être,
Danse sur le parquet, enroulé dans ses draps.
Il s’arrête soudain quand il voit apparaître
Un farouche loriot dont le chant délicat
Transcende dans son cœur ce désir de renaître.
C’est comme ça, je te parle dans le langage de moi ;
Et le langage de toi je ne le comprends pas
Mais ce n’est pas si grave car, quand on se tait là,
On se regarde droits,
Penchés,
Et puis ballants de bras.
On lève nos vingt doigts
Qu’on pose ça et là,
Contre moi, contre toi,
Contre doigts, contre bras ;
On ne s’arrête pas ;
On découvre qu’on a
Bien plus que des mots là ;
On a
Ce qui nous est si cher :
La tendresse de moi
Et la tendresse de toi.
Texte extrait du recueil Aventures
Ci-dessous la version vidéo enregistrée à Strasbourg 😊👂
Nos tempêtes au plafond peu à peu se sont mues ;
La pluie froide chuchote à nos têtes trempées :
« Les murs ont des oreilles bouchées par vos avis ;
Libérez vos échanges de tous ces fardeaux
Et chevauchez ensemble de belles échappées. »
Une accalmie s’installe dans notre foyer.
Nos mains se magnétisent et se réconcilient ;
Tu égares nuages par la cheminée ;
J’accueille l’enthousiasme dans l’âtre revenu.
Texte extrait du recueil Aventures
Esprit aventureux
Hante rêves et veillées,
Entre réalités,
Bouscule les milieux.
Tu nimbes les entrées
Des maisons – orangé,
Déranges gens heureux
Mais jamais dangereux.
Esprit follet de feu,
C’est au fond de nos yeux
Tu aimes générer
Des lèvres embrasées
Qui ne peuvent s’empêcher
De braiser généreux.
Texte extrait du recueil Aventures
Guerrier-foudre-colère, qu’ai-je pu t’infliger
Pour que tu viennes ici affronter mon danger ?
Qu’est-ce qui chaque fois te pousse vers mon antre
Que tu sais habité par le monstre hurlant ?
Si je porte une croix et une rage au ventre,
Je m’interroge aussi sur tes ressentiments.
Atrocement zélé, à qui adresses-tu
Tes insultes injustes qui violent ma maison ?
Je n’invite personne en ce sombre donjon
Et ceux qui forcent entrée ne le quitteront plus.
Texte extrait du recueil Aventures
Mes grondements profonds n’ont ni raison ni tort ;
Simplement, je perçois les tremblements de l’air
Qui quotidiennement me font perdre le nord.
Mon cœur a ses échos qui m’incitent à te taire.
La haine, ma boussole, amène jusqu’à toi
Épée et bouclier que je porte à mes poings.
L’amère solitude est notre unique lien.
Ainsi, assurément, je me rue à l’endroit
Où tes cris incessants expulsent des enfers.
Emporté par l’idée que tu m’avais trahi,
Je m’avance jusqu’au porche de ta tanière
Dans laquelle tu erres, banni, rejeté, fui.
Maudissant tes verdâtres et sinistres écailles,
Je brandis, affutée, mon arme dans tes airs.
Les couleuvres entre lèvres cherchent à s’insinuer
Et tes cheveux dressés, aux multiples vipères,
Cherchent à empoisonner l’esprit désespéré,
Enveniment alors la moindre de mes failles.
Sournois les sifflements de ta coiffe-serpent
Signifient la souffrance subie si souvent.
Croisement de regards et c’est affreusement
Que je sens soudain mes veines et sang se figer.
C’est ici en statue, ainsi pétrifié,
Que je pourrai fixer le fond de tes entrailles
Et éternellement les poutres et les pailles,
Comme l’ire dans tes yeux issue de nos déserts,
Écarquillent à jamais nos paupières glacées.
Texte extrait du recueil Aventures
Même si seul je demeure,
à plus d'un je collabore
coopère.
Je te soutiens,
t'honore
au plus profond d'un cœur
au fond duquel se tient
en toutes heures,
à ton nom,
à ton âme,
un sanctuaire.
Laisse une lumière,
une lumière noire, le jour venu.
Tu me fais sentir comme si
mes rêves devenaient vrais.
C'est notre destin.
Texte extrait du recueil Aventures
Et si on disait tout, maintenant,
Sans artifice, sans fard ?
Maintenant, je tombe les défenses,
les forts mal construits.
Aujourd'hui, j'écris et je dis tout :
Les attirances interdites,
Subites,
Les mouvements
D'humeur,
Les petites larmes,
trop petites pour êtres vraies.
Les frileuses roues de l'avancée
seront mises en marche.
Je ne comprends pas ces tourbillons,
Noyé,
Mais ému des bonheurs,
des instants intenses.
Texte extrait du recueil Aventures
Dimanche je serai
Perdu dans mes pensées
Perdu dans mes idées de paix
Inaccessibles diurnes
Et tant rêvées nocturnes.
Dimanche je serai
Allongé près de l'urne
Dans laquelle j'aurai
Entassé les symboles
Et toutes les colombes
Qui à 20h pourront
Reprendre leur envol.
Et si la haine plombe
Le doux nid où je erre
Je me réfugierai
Non pas six pieds sous terre
Ni derrière une tombe
Mais dans l'amour, le vrai,
Qui à chacun incombe.
Chaque facette de vous
Éclaire et guide ma vie.
Que ferais-je sans vous
Et vos tendres sourires
Étirés par vos cœurs
Étendus jusqu'au mien ?
Retrouvée mon échelle menant à la Lune !
Poussé par un élan
Que je crois bienvenu
Je grimpe vers le ciel,
Sans regrets, sans séquelles,
Sans questions importunes.
À demi-allongé,
Blotti nonchalamment
Dans ma maison-croissant,
Une jambe posée
Et l'autre relâchée,
Dans le vide baignant,
Je renonce à rancune
Et simultanément
À des liens d'infortune,
Sources d'étranglement ;
Je stoppe d'une main
Les excès encombrants
Et les méchancetés
Imposées en passant.
De l'autre et de là-haut,
Affranchi, libéré,
Et avec un recul
Nécessaire, dans ma bulle,
Je m'autorise enfin
À déverser la coupe devenue trop pleine.
Puis, une fois vidée,
Je la laisse tomber,
D'un geste désarmé,
Indifférent, sans haine.
Certains ponts que je traîne
Qui ne conviennent plus,
Ne résisteront plus
Face à ma volonté
De rompre toute chaîne.
Sans questions importunes,
Sans regret, sans séquelles,
J'ai grimpé vers le ciel
Que je crois bienvenu
Poussé par un élan.
Retrouvée mon échelle menant à la Lune !
C’est une chaise posée
En face de la montagne
Dans l’herbe fraîche rosée.
Le temps est doux, rêvé,
Entre neiges et vents,
Entre bleus, ciel et blancs,
Et le gris-pluie tombant.
Médusée, sa compagne
— Inoccupée autant —
Guette le firmament
Qu’aucune main ne dévoile ;
Chaque nuage suspend
Son fil à une étoile.
Les cumulus trombant,
Nomades éternisés,
Gouttelettes à cent pieds,
Jamais contre-courant
Se pressent injustifiés.
Et les objets plantés
Dans leur grisonnement
Observent tranquillement,
Trempés, réincarnés.
Et cent fois tu m'as eu.
Je t'écris de si bas,
Et tu balades haut
Quelques débris de moi,
Au hasard, sur ton dos.
Qui es-tu,
Mon ange sans visage ?
Je te louange et tu
Bénis, tu virevoltes
À tout-va, tu t'amuses,
Distribues et diffuses
À ceux qui l'envisagent
Un embrun de révolte,
Puis une pincée de muses.
Poème extrait du recueil Onirismes
Or je jette et toujours
Le même mot très court
Me monte dans la tête.
J’ai la cadence à cru
J’ai la carte d’athlète
D’argent au feu je n’être
Je ne me sens pas bien
Le cadre et le rebord
Poussent au bout du reset.
Pourtant j’ai su, j’ai vu
Ce que réserve quête
Et ce qu’elle rapporte :
Une ombre qui me guette
Et chaque jour me porte.
J’ai tiré tout ce que
Diable je pouvais
Je me repose mais
Bête et mains dans le sac
Et quand je claque net
Les dents se plaquent et tombent
Pourquoi je raque et sombre ?
Je joue et craque, trombe.
C’est : tac-tac-tac, BOMBE !
C’est : d’acc’, tort. C’est la fête !
Et je bascule dans l’ombre
Bouché, rempli de nombres.
Il était un matin :
Je t'offre une sculpture qui te tend la main
Et dans ma démesure, j'y dépose des crins
Et des cris de recoin
Mais d'usure, certain
C'est demain je t'assure
Qu'elle fraiera son chemin à travers la verdure
Elle ne reniera rien des fleurs de ton jardin
Piétinera sans fin
Les herbes qui susurrent
Mais elle prendra bien soin
Des multiples blessures
Que le monde - anodin - inonde de ratures.
Vétuste
Statue
Dont le buste
A vécu.
Auguste
Statue
Penseur
Incongru
À l’heure
S’est levé,
M’a tendu
Sa main
Forte
Que j’ai
Empoignée.
Le vert tue
Ma statue
Lorsque rien
Ne bouge plus.
La voie,
Maintenant,
A disparu.
2019 / Massy > Poitiers
C’est ici
Qu’ « Éternellement »
Et « Jamais »
Se sont déposés,
Mélangés,
Décomposés
Par l’Instant Présent.
L’immobilité,
De minuscules pas,
Fuit, se déplace et va
En avant, en arrière.
La bulle entière
Est étirée,
Déformée
Dans ce temple impossible.
Te souviens-tu, Narcisse ? De mémoire je t'offrais Ces petites fleurs bleues Et tu vis dans mes yeux L'amour de ton reflet. Frêles...