22 octobre 2020

Quels hérétiques sommes-nous ?

Strasbourg - Avril 2020

 

“Qui sent le fagot ? Qui sent le fétu ? C’est toi ? Mais c’est moi aussi. Mais moins que toi, quand même. Ne sais pas quoi penser. M’ennuie. Bon d’accord. Je vais te juger. Tu sens mauvais. Tu ne t’es pas lavé. Tu dors dans des WC, tu racles les caniveaux. Tu t’es frotté contre on-ne-sait-quoi, on-ne-sait-comment. Tu pues, tu me dégoûtes.”


“Pourquoi tu ne m’aimes pas ? Qu’ai-je fait ? J’ai essayé, je te promets ! Je me suis intégré mais on m’a rejeté. Je ne l’ai pas senti, pas vu venir. Pas tout de suite. Mais bien après, j’ai compris. J’étais reclus, puis à la rue, j’ai demandé mon chemin. Pavé. De pièces de un. Centime. Je ne t’en veux pas. Je pense à ma survie. Je pardonne car seule ma survie m’importe. Et je sais que c’est important. Chacun devrait, je crois. Mais je n’ai pas la place d’y penser. Dans mon esprit, c’est la survie ma priorité. Et la poutre, je l’ai délaissée lorsqu’on m’a abandonné. On me l’a volée. Et jamais je n’ai pu la revoir, ni la restituer.”


“Nous avons payé nos péchés. Cher. Très cher. Mes bottes ultra bright, je les ai données. C’était ma bonne action de l’année. Je pense aux autres, c’est normal. Car, oui, je paye cher. Tout. Très très cher. Il faut bien donner un peu, faire des efforts. Si cela peut soulager le quotidien de quelqu’un, je n’hésite pas. Une fois par an. “


Et un jour, tout s’est aligné. Notamment les bons sentiments. Chacun a analysé et a eu la force d’affronter la réalité. Chacun a pu regarder ses propres défauts, en détail, comme un joaillier. Et ses qualités aussi. Chacun a vu en lui-même, comme dans la fontaine, qui il était. Mais ne s’est pas noyé. A pu s’abreuver de son reflet. Car Chacun s’aimait. Et a pu sortir de chez Lui (Chacun a un Chez-Lui) et est allé aider : le Chacun-pas-Chez-Lui, le Chacun-Affamé, le Chacun-Malade, le Chacun-Seul, le Chacun-Triste, le Chacun-qui-regarde-tout-et-Tout-un-Chacun avec espoir. Tous les Chacuns se sont retrouvés et considérés. C’était alors la fin d’une bien belle journée.

04 octobre 2020

Le Boyau

Strasbourg

04/10/2020

 

Mon enveloppe froissée

Avait failli tomber.

L'intérieur fissuré,

Déplacé je ne sais !

C't imbécile n'est pas bien !

Adroitement avait

Été consolidé.

Mon croissant couturé

Ce Feu-Lune

Cette tête d'épingle, 

Ce nœud

Gonflé, douloureux

Criait lorsque l'autre côté

Compensait, jaloux,

Portait le poids, tout

Ce que le droit ne pouvait.

L'issue est dedans :

Retourne d'où tu viens,

Boyau de moi pendant

Que je fais un pas, un,

Pas plus, pas moins, dix mille

Et aucune négation.

Aujourd'hui ma mission :

C'est expulser le mal, 

C'est viscéral 

Ça fait du bien.

C'est terre-à-terre !

C'est fantastique,

Thérapeutique !

Myosotis

Te souviens-tu, Narcisse ?  De mémoire je t'offrais Ces petites fleurs bleues Et tu vis dans mes yeux  L'amour de ton reflet. Frêles...