Strasbourg - Avril 2020
“Pourquoi tu ne m’aimes pas ? Qu’ai-je fait ? J’ai essayé, je te promets ! Je me suis intégré mais on m’a rejeté. Je ne l’ai pas senti, pas vu venir. Pas tout de suite. Mais bien après, j’ai compris. J’étais reclus, puis à la rue, j’ai demandé mon chemin. Pavé. De pièces de un. Centime. Je ne t’en veux pas. Je pense à ma survie. Je pardonne car seule ma survie m’importe. Et je sais que c’est important. Chacun devrait, je crois. Mais je n’ai pas la place d’y penser. Dans mon esprit, c’est la survie ma priorité. Et la poutre, je l’ai délaissée lorsqu’on m’a abandonné. On me l’a volée. Et jamais je n’ai pu la revoir, ni la restituer.”
“Nous avons payé nos péchés. Cher. Très cher. Mes bottes ultra bright, je les ai données. C’était ma bonne action de l’année. Je pense aux autres, c’est normal. Car, oui, je paye cher. Tout. Très très cher. Il faut bien donner un peu, faire des efforts. Si cela peut soulager le quotidien de quelqu’un, je n’hésite pas. Une fois par an. “
Et un jour, tout s’est aligné. Notamment les bons sentiments. Chacun a analysé et a eu la force d’affronter la réalité. Chacun a pu regarder ses propres défauts, en détail, comme un joaillier. Et ses qualités aussi. Chacun a vu en lui-même, comme dans la fontaine, qui il était. Mais ne s’est pas noyé. A pu s’abreuver de son reflet. Car Chacun s’aimait. Et a pu sortir de chez Lui (Chacun a un Chez-Lui) et est allé aider : le Chacun-pas-Chez-Lui, le Chacun-Affamé, le Chacun-Malade, le Chacun-Seul, le Chacun-Triste, le Chacun-qui-regarde-tout-et-Tout-un-Chacun avec espoir. Tous les Chacuns se sont retrouvés et considérés. C’était alors la fin d’une bien belle journée.