Mes grondements profonds n’ont ni raison ni tort ;
Simplement, je perçois les tremblements de l’air
Qui quotidiennement me font perdre le nord.
Mon cœur a ses échos qui m’incitent à te taire.
La haine, ma boussole, amène jusqu’à toi
Épée et bouclier que je porte à mes poings.
L’amère solitude est notre unique lien.
Ainsi, assurément, je me rue à l’endroit
Où tes cris incessants expulsent des enfers.
Emporté par l’idée que tu m’avais trahi,
Je m’avance jusqu’au porche de ta tanière
Dans laquelle tu erres, banni, rejeté, fui.
Maudissant tes verdâtres et sinistres écailles,
Je brandis, affutée, mon arme dans tes airs.
Les couleuvres entre lèvres cherchent à s’insinuer
Et tes cheveux dressés, aux multiples vipères,
Cherchent à empoisonner l’esprit désespéré,
Enveniment alors la moindre de mes failles.
Sournois les sifflements de ta coiffe-serpent
Signifient la souffrance subie si souvent.
Croisement de regards et c’est affreusement
Que je sens soudain mes veines et sang se figer.
C’est ici en statue, ainsi pétrifié,
Que je pourrai fixer le fond de tes entrailles
Et éternellement les poutres et les pailles,
Comme l’ire dans tes yeux issue de nos déserts,
Écarquillent à jamais nos paupières glacées.
Texte extrait du recueil Aventures