Te souviens-tu, Narcisse ?
De mémoire je t'offrais
Ces petites fleurs bleues
Et tu vis dans mes yeux
L'amour de ton reflet.
Frêles myosotis,
Je n'oublierai jamais.
Texte extrait du recueil Aventures
Esclave en quelque sorte de tous mes désirs,
Jamais vraiment je n'ose, à vous, les révéler
Mais l'enclave me porte hors de l'obscurité :
J'ai sans cesse l'essence de les assouvir.
Ça s'explique je crois par ces craintes incrustées
Qui crissent dans les coins de mes portes à pâlir
Façonnées de barreaux condamnant à cloîtrer
Les étendues possibles du verbe "choisir".
L'ordre établi intime son intitulé,
Invective pour taire nos courbes de sourire,
Écrasant de ce fait toutes nos libertés.
Maître de mes espaces censés me suffire,
J'esquisse des esquives et laisse déraper
Des sentiers que je frappe pour ne plus m'asservir.
Ses volets au printemps restent toujours ouverts.
Il aime ces matins et ne veut pas manquer
Les timides rayons qui viennent caresser
D’une douce tiédeur l’endroit de ses paupières.
Elles s’élèvent au rythme de l’astre solaire
Et révèlent des yeux qui souhaitent contempler
Le jardin aux multiples couleurs émaillées,
Libérées peu à peu des brumes passagères.
Il s’étire en sourire et se lève avec joie.
Énergique, il s’ébroue, frissonnant tout son être,
Danse sur le parquet, enroulé dans ses draps.
Il s’arrête soudain quand il voit apparaître
Un farouche loriot dont le chant délicat
Transcende dans son cœur ce désir de renaître.
Te souviens-tu, Narcisse ? De mémoire je t'offrais Ces petites fleurs bleues Et tu vis dans mes yeux L'amour de ton reflet. Frêles...