10 février 2019

Miroir

Paris
07/02/2019 - 18h02
Villejuif
10/02/2019 - 00h31

Miroir, mon miroir feint
Comme je te connais...
... Et je t'ai traversé.

Reflet tu m'as laissé
Et toutefois je sais
Que tu étais derrière.

Quand je me retournais,
Tu te plaquais par terre.

Quand je continuais,
Là tu te relevais.

C'était une habitude.

La forêt était rude :
Les arbres, mes amis,
Étaient sombres et fermés.

Tombé plat de plein gré,
Et moi, bas, pas compris :
Ton bras me relevait
Et tu continuais.

Je vis une clairière.
Faible était la lumière
Mais elle était présente.
(C'est une brume qui chante)

Elle éclairait un puits
Qui était bien rempli.

Les gouttes étaient tombées,
L'avaient alimenté.

Ce n'étaient plus des larmes
Car le tamis d'amour
Avait filtré le sel
Et toutes les alarmes.

L'eau n'était pas croupie,
Était douce et potable
(Même parfois affable)

Quand plongea  mon reflet,
Et lent s'y abreuva,
Alors je me penchai :
Le reflet y resta,
Le reflet le voulut.

A nouveau je le vis,
Je le récupérai.

Il ne me suivait plus.
Les arbres et leurs revers
Étaient recolorés.

Je rebroussai chemin
Et je retraversai.

Miroir, mon miroir teint,
Je me détourne en paix.



 

22 janvier 2019

Le Ciel de la Nuit

Train Paris > Strasbourg
19/01/2019 - 11h58
Villejuif
21/01/2019 - 23h33

Décollé le ciel du bout des ongles.

Et j'ai percé avec ma joie, mes pics de vie et créé des étoiles.

Décollé un peu plus, arraché le sombre.

La lumière vive est imposante et a terminé de tomber le film nuité.

C'est le Monde-autre qui surgit et apparaissent en vrac : des morceaux arc-en-ciel, des sourires libérés, des mains qui se tendent, des pieds posés en l'air.

Ici et là, des yeux en file indienne serpentée tricotent la vérité. Un bébé-biberon observe les aiguilles.
Les moutons sont plats, roses et vaguement ovales.

Les humains adultes sont des enclos à arbres dont les cimes chatouillent.

Les oiseaux sont bleus, aux becs blancs et courts, et brillent légèrement.

Les baleines sont des dirigeables-guimauve qui fondent mais persistent.

Quant à ma tête, elle est longue, conique et douloureuse.

J'ai longtemps affaissé des lambeaux de tout ça car j'ai tourné. Et le sillon creusé, circulaire, aux lisses et froides parois, est si profond qu'un cylindre – inutile ? – a été fabriqué. Ce rouleau est le fruit qui ne peut être mangé.

Alors les baleines sont devenues radeaux.

Et les oiseaux se sont tous délités.

Les humains se sont extraits et ont fermé l'enclos tandis que les moutons les ont enveloppés.

Les mains et les sourires se sont entr’assemblés.

Les pieds y sont montés.

Et le bébé criant – étrangement – m'a bercé.

J'ai recousu le ciel ; j'ai réparé la nuit.

Me suis évaporé.

Et me suis rendormi.

Myosotis

Te souviens-tu, Narcisse ?  De mémoire je t'offrais Ces petites fleurs bleues Et tu vis dans mes yeux  L'amour de ton reflet. Frêles...